lundi 28 novembre 2011

Point de suspension

Il n'y a pourtant, comme on dit, « rien à voir »... et moi qui croyais encore récemment avoir des choses à écrire, je m'aperçois qu'en ce moment il n'y a « rien à dire » non plus. Je suis dans un état comme abasourdi. Je pense au travail un peu malgré moi. Je me force à développer, à scanner. Je me sens las comme une grosse fatigue, les yeux qui piquent.

Je vois trop d'images, la plupart me paraissent sans intérêt. J'achète des livres de photos par wagons entiers : Sieff, Boubat, Larrain, Hersant, Gardin, Dieuzaide. Je ne retiens que les poètes, ceux qui explorent le gris. Les autres me distraient un instant puis...

Je ne me sens pas calme. Inerte. Ou agité. J'ai bien le droit d'écrire ce que je veux, de photographier comme je sens. Il y a une langue ou prendre et donner, c'est le même mot.



mercredi 9 novembre 2011

Ballet

Jonathan Hillhouse.
Je veux vous parler d'un photographe que j'ai déjà cité sur ce blog : il s'agit de Jonathan Hillhouse. Sujet britannique, il vit au Japon depuis plusieurs années. Il a une trentaine d'années et il est passionné de photo argentique. Lorsque j'ai découvert ses photos, au départ, c'étaient surtout des objets abandonnés, des lieux vides, des détails photographiés en diapo couleurs au Norita 66. Depuis, Jonathan a beaucoup utilisé un Mamiya Universal Press en format 6x9, puis un Speed Graphic en grand format, puis un Leica M4 équipé d'un M-Summaron 35mm f/2.8. C'est quelque part au milieu de tout ça, au gré des portraits de son amie et des photos d'enfants, d'amis, de passants que le noir et blanc est apparu.


Plus d'humain.
Jonathan introduit aujourd'hui de plus en plus souvent des personnes dans ses photos. Discipline moins esthète qu'à l'époque du Norita 66 (qui a cassé), mais plus ardue aussi. Ceux qui se focalisent comme moi sur la photo dite "humaniste", la photo qui met en avant l'humain, savent qu'il y a énormément de clichés perdus pour une bonne image. Et encore, même lorsque l'image est bonne... il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Heureusement. Il n'empêche : si j'écrivais fin 2009 que Jonathan savait retranscrire le meilleur d'une situation, d'une atmosphère, je pourrais dire aujourd'hui qu'il est au meilleur de son art. Il a réussi à atteindre un équilibre fragile, une nuance qui touche à l'humain tout en effleurant l'esthétisme, à moins que ce ne soit l'inverse.


Fiche technique et réalisation.
Sa dernière série de photos noir et blanc, "Ballet", a été réalisée avec son fidèle système Olympus OM, un objectif standard 55mm f/1.2 (pas particulièrement piqué mais un peu plus "long" qu'un vrai standard) et une rareté de collectionneur, un grand angle modéré qui est en même temps un standard passe-partout : le Zuiko 40mm f/2. Le choix de la pellicule nous renvoie à la désuétude de notre pratique de photographe amateur puisqu'il s'agit d'un film récemment arrêté : la Neopan 1600.

Ces données techniques sont importantes à mes yeux car je connais plutôt bien le travail de Jonathan depuis plus de trois ans, et je peux évaluer l'importance de ses choix matériels et deviner les raisons qui orientent ces choix. Mais au-delà de ces considérations de spécialistes, de photogeek pourriez-vous dire, Jonathan Hillhouse dépasse, transcende l'outil et la méthode et s'efface. Il nous donne directement à voir ces jeunes danseuses qui rappellent bien sûr celles de Degas. L'ensemble m'a fait penser aussi à la série "Cadets Coulisses" de Sylvain Demange mais Jonathan approche ses danseuses de façon plus douce, plus délicate ; moins à la manière d'un reporter qui va au-devant de son sujet pour chercher la meilleure composition, l'angle original que comme un œil invisible et attentif, l'œil des coulisses. Il saisit ses sujets dans des rais de lumière, des découpes sur fond noir où le noir du plateau comme le blanc des tutus gardent toujours de la matière, jamais contrastés à l'excès.


Humaniste.
Dans ces quelques images, Jonathan réapparaît dans tous les aspects de sa personnalité d'artiste : celle de l'esthète, celle de l'amateur d'art, celle de l'artisan qui sculpte les nuances de gris comme un matériau avec lequel il s'est confronté durant plusieurs mois avant d'en tirer la quintessence, celle du sociologue qui nous documente la vie au Japon à travers les yeux d'un Européen, celle du portraitiste* ou du photographe humaniste qui est apparu au fil du temps derrière toutes les autres identités évoquées ci-dessus.

"Ballet" de Jonathan Hillhouse est visible ICI.
*A propos de portrait et de danse, vous pouvez revoir deux très belles séries d'Alexandre Maller par .

lundi 7 novembre 2011

Retour en mer

Jeudi 29 septembre après ma journée de travail, j'ai conduit ma voiture pendant trois bonnes heures pour embarquer au "bout du monde", à 22H30, sur un bolincheur de Saint-Guénolé (Finistère). C'était ma deuxième sortie sur un bolincheur, ma quatrième sortie en mer depuis la toute première qui m'avait valu tant de retours encourageants, une belle expo et même quelques ventes de tirages.

Sans être particulièrement agitée du point de vue des marins, la mer m'a davantage secoué, balloté que lors des sorties précédentes. Dix heures de navigation en tout, retour au port à 8H30 ; éreinté, rincé, trempé. Quarante minutes de voiture encore pour retrouver un lit. Trois heures de sommeil et retour chez moi : trois heures de route. Difficile d'être marin, prof et photographe pendant trente-six heures d'affilée !

J'ai peu déclenché, au regard du temps passé à bord. L'été dernier, cent cinquante photos en trois ou quatre heures, dont j'avais sélectionné onze images qui "racontaient" quelque chose. Cette fois, à peine cent vingt photos en dix heures. J'en ai développé la moitié environ, je suis mitigé. Certaines images prises une par une ne sont pas mauvaises mais mises ensemble elles se répètent. Je n'ai pas encore un point de vue sur l'ensemble, pas encore le recul pour faire un tri efficace, pas encore la certitude que la pêche fut bonne.

Je préfère attendre un peu avant de développer le reste de cette série. Voir d'autres photos, celles que je suis en train de scanner par exemple. Quoi qu'il en soit, voici déjà quelques images.





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samedi 5 novembre 2011

F*ck

Fuck Democracy
Fuck Freedom of speech
Fuck Human rights

Merde à la Démocratie
Merde à la liberté de parole
Merde aux droits humains

> C'est l'actuelle campagne de Reporters Sans Frontières !
Leur dernière parution "Elles changent l'Inde" est actuellement dans les kiosques et en vente sur leur site. Un très beau numéro autour de 100 photos d'Alessandra Sanguinetti, Martine Franck, Alex Webb, Olivia Arthur, Patrick Zachmann et Raghu Rai.

Une exposition est également en cours à Paris,
organisée par la Mairie de Paris et le Petit Palais.

Seul couac dans tout ça : le partenariat d'une banque, BNP Paribas pour ne pas la nommer. Quand dans l'album je tombe sur le portrait d'Ela Bhatt qui guidée par les préceptes du Mahatma Gandhi fonda en 1970 un organisme d'entraide et de microcrédit géré par les femmes, je me dis qu'effectivement l'Inde s'est beaucoup développée depuis 40 ans, mais le titre "Elles changent l'Inde", verbe au présent, me paraît bien dérisoire.

« BNP Paribas veut doubler sa taille en Inde d'ici 2015, a indiqué son directeur général dans un entretien publié jeudi par le journal Les Echos.
Le sous-continent représente actuellement 1% du chiffre d'affaires de la banque de la rue d'Antin, soit 400 millions d'euros. "La part de l'Inde dans les revenus de BNP Paribas va croître beaucoup plus vite que le reste du groupe et devrait doubler d'ici cinq ans", a indiqué Baudouin Prot. La banque de financement et d'investissement de BNP Paribas emploie plus de 1000 personnes en Inde et détient des co-entreprises dans l'assurance-vie et le courtage. »
Source : Le Figaro.fr économie le 28/10/10
Aujourd'hui, les entreprises indiennes embauchent 6% de femmes.

Dans la plus grande démocratie du monde (en nombre d'habitants), 40% des mariages sont encore arrangés par les familles avant les seize ans des jeunes filles, parfois même dès dix ans.

vendredi 4 novembre 2011

111011

J'ai suivi le cortège de la manifestation du 11 octobre dernier dans ma chère cité industrielle. Je souhaitais simplement me mêler à la foule et saisir sur le vif quelques scènes et portraits, sans chercher l'échange verbal. 

Je ne cherche pas ici à "traiter un sujet" ni à tenir un propos politique. Simplement à témoigner à ma façon. Montrer cette manifestation par le petit bout de la lorgnette.

J'en ai tiré une sélection de huit images sur une cinquantaine prises ce jour-là. C'est bien trop complaisant et j'en ai conscience. Rien de très bon dans le lot, mais il faut déclencher et trier un peu pour progresser. Et ne prenez pas ce blog comme un aboutissement, plutôt comme un brouillon, un carnet d'esquisses.

Vos avis sont comme d'habitude appréciés, surtout les avis négatifs (mais pas forcément monochromes). ;)





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